La littérature hassanie, dans ses composantes prose et poésie, a été marquée par des changements et mutations divers qui l’ont influé, tant sur le fond que sur la forme. D’où, sa classification en ancienne et moderne avec des spécificités particulières.
Etant donné que ce genre littéraire ne se transmettait que verbalement, peu de textes nous sont parvenus. D’ailleurs, la force de l’homme dans les coutumes du Sahara est jugée selon sa capacité à mémoriser les poèmes hassanis.
Ainsi, des poètes ont brillé dans le sud marocain par leur capacité à mémoriser les poèmes hassanis.
Il va sans dire que l’environnement saharien et le style de vie bédouin, avec ses traditions et coutumes, ont impacté grandement et merveilleusement la littérature hassanie. Ainsi, l’on trouve dans la prose et la poésie hassanie les différents périples des Sahraouis, la recherche sans cesse des oasis, des terres fertiles et des puits. En plus, l’homme sahraoui a veillé à relater les moindres détails de sa vie, à travers une description de ses bétails, chevaux, dromadaires, ou caravane. Le paysage sahraoui est également présent, à travers le couvert végétal, les dunes de sables, tentes, bijoux et le style vestimentaire, outre la célébration des moments de joie, de tristesse et d’amour ardent.
La poésie hassanie n’a pas été le seul apanage des hommes. Des femmes poètes se sont illustrées également, notamment dans le « tebraâ », dont la thématique tourne autour de la cour faite par les femmes aux hommes. Il s’agit d’un genre de poésie assez récent, où les poèmes sont composés de deux parties se finissant par la même rime. Parfois, le « tebraâ » est apparenté à des flatteries obscènes.
Par ailleurs, le poète hassani se démarque par son sens esthétique profond et son oreille musicale magistrale. Ses poésies ressemblent à un tableau, où le peintre donne libre court à son imagination pour donner vie à son œuvre qu’il tisse de mots. Il excelle ainsi à décrire la nature au coucher du soleil, avec en toile de fond une prairie parsemée de fleurs.
Les couleurs de ce tableau s’enflamment et trouvent leur homogénéité quand il s’agit de flatterie envers la femme, le temps d’une soirée, le tout sous forme d’une performance orale sans limite.
Ceci se produit le plus souvent autour d’un narrateur, sous la lumière d’un feu doux. Les sahraouis rivalisent ainsi de proverbes, d’énigmes, d’anecdotes et de contes de héros légendaires, pour oublier la fatigue de la journée.
Il faut aussi rappeler qu’un mot en hassani peut avoir plusieurs significations, d’où la mise en garde quant à la possibilité de tomber dans des contre-sens.
En d’autres termes, la prose est le parent pauvre de la littérature sahraouie, exception faite des proverbes. La poésie, les poètes et chanteurs sont par conséquent les plus en vogue.
Les chanteurs en dialecte hassani (lkaoun) se sont illustrés dans la critique poétique. Ils sont de ce fait des juges avertis et chevronnés, capables, à la faveur de l’expérience qu’ils ont cumulée, de distinguer le vrai poète du faux.
Dans le Sud marocain, le chant très répandu se joue sous le rythme du tambour (t’bel). Il s’agit d’un nouveau genre musical, qui dispose de ses propres fans et musiciens. Le tambour utilisé dans ce chant est fabriqué d’un grand fût confectionné à partir de racines d’arbres très répandus au Sahara. Il est appelé également « Tazouh » et est fait de peau de chèvres, de chameaux ou de vaches. Les artisans attachent soigneusement le cuir à l’aide de cordes et de bâtons minces. L’objectif est que le tambour puisse produire un son immense et sonore. Il sera par la suite orné par le henné. Sur les rythmes merveilleux du tambour, des chants sont scandés, sous forme de vers hassanis « Achouar » et « Nhaya » retentissent. Chaque vers est composé d’une manière particulière. Les mélodies sont accompagnées d’une danse rythmique sur des instruments comme « Ardin » et « Tidinite ».
A noter que le poème hassani chanté à l’aide d’instruments de musique s’appelle le « houl », alors que celui interprété sous forme de poèmes est « Lerna ». Celui joué à l’aide du tambour est « Itbel ».