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DISCOURS DE FEU SA MAJESTE HASSAN II ANNONÇANT L’ORGANISATION DE LA MARCHE VERTE APRES L’AVIS CONSULTATIF DE LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

Sa Majesté Hassan II, que Dieu L’ait en Sa Sainte Miséricorde, a adressé le 5 Novembre 1975, à Agadir, un discours historique à la Nation, pour donner le signal du départ de la Marche Verte vers le Sahara marocain, en voici sa traduction : 

Louange à Dieu, Cher Peuple,

Dieu Le Très-Haut a dit dans Son Livre sacré: «Quand ta décision est prise, aie confiance en Dieu, car, en vérité Le Très-Haut aime ceux qui s’en remettent à Lui»

Effectivement, Cher Peuple, Notre décision est prise, forts de notre bon droit, Nous allons entreprendre notre Marche Verte. Nous aurons à nos côtés nos frères et amis, ne comptant que sur notre ferme détermination et notre foi inébranlable.

A peine avions-Nous annoncé Notre décision d’entreprendre cette Marche bénie, que tu as répondu à Notre appel dans un même élan. Du reste, cette noblesse a toujours été l’une de tes caractéristiques. Elle a fait de toi un peuple qui a servi d’exemple et qui a inspiré les plus belles pages de l’Histoire.

Cher peuple,

Ainsi que nous l’avions affirmé, la Marche Verte constitue pour nous une source où nous puisons, pour nous et pour les autres, des leçons et des enseignements.

Cher peuple,

Nous avons acquis aujourd’hui la conviction que le Maroc et son devenir sont entre les mains de patriotes sûrs convaincus, généreux et attachés plus que jamais à leur sol et à leur emblème.

Tu administres ainsi la preuve, une fois de plus, Cher peuple, de ta capacité de dépenser, sans limite aucune, corps, âme et biens. Pour ta Patrie, tu sais sacrifier spontanément ton confort voire ta famille même.

Ta conduite constitue un véritable motif de fierté pour celui que Dieu a désigné pour présider à ta destinée. Je ne peux qu’en louer le Tout-Puissant et l’implorer de m’assister pour m’acquitter de mes devoirs envers toi.

Quant aux enseignements qu’il convient de tirer, ils résident dans le fait qu’à présent, nous savons d’une manière précise qui sont nos véritables amis et frères et ceux qui refusent de voir le problème selon la même optique que nous et épousent la thèse de l’étranger.

Au niveau de ce qui a été écrit à ce propos, nous avons constaté qu’au début, certains n’ont pas cru devoir nous prendre au sérieux. Ils ont vu dans la Marche une aventure et une manœuvre politique destinée à couvrir nos problèmes. En fait, ceux qui ont tenu de tels propos se divisent en deux catégories: ceux qui ne connaissent pas le Maroc et on se saurait leur en tenir rigueur, et ceux qui, malgré leur parfaite connaissance de notre pays, ont maintenu leurs allégations. Ce faisant, ces derniers ont donné libre cours à leur ressentiment à l’égard de ce pays qui, grâce à Dieu, ne cessera jamais d’inculquer des leçons et de donner des exemples.


Cher peuple,

Nous n’avons pas manqué d’enregistrer ta réaction et de suivre ton comportement, aussi bien dans les campements que dans les confins du Sahara depuis que Nous t’avons annoncé Notre décision d’entreprendre la Marche Verte. Nous n’y avons relevé que satisfaction, sérénité et réjouissance.

Cher peuple,

Par ce comportement, tu as sans doute pu incarner ce que notre époque a feint d’oublier, parmi tant d’autres voies celle de la paix et de la conciliation. La Marche Verte constitue de nos jours un véritable miracle, car l’homme semble oublier qu’il peut, par une simple marche pacifique, aboutir à des résultats qu’une entreprise militaire pourrait ne pas obtenir.

Cher peuple,

Ces leçons que prodigue l’Histoire et que d’autres ont oubliées, toi, tu as su les retenir. Tu as su, quant à toi, te parer des vertus qui ont permis, au début de notre siècle aux grands penseurs et dirigeants politiques ou syndicaux de se doter des moyens de vaincre toutes les formes de contrainte et d’oppression. Un tel combat a permis à notre époque de jouir des bienfaits de la démocratie, des droits de l’Homme et de la justice sociale.

Il est pour le moins paradoxal qu’au moment où de telles valeurs sont délaissées, tu ne les as, toi Cher Peuple, nullement perdues de vue. Nous tirons une légitime fierté d’être le Serviteur que le Tout-Puissant a choisi pour te conduire vers des horizons meilleurs au profit de nos enfants et de notre grande famille, la communauté internationale.

Cher peuple,

Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne .Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrale de ton cher pays.

En Notre qualité de Guide, d’Amir Al Mouminine et de Responsable de ta politique, Nous voudrions te faire quelques recommandations.

Cher peuple,

D’abord, dès que tu auras franchi la frontière, tu dois faire tes prières, tourne toi vers la Mecque pour rendre grâce au Très-Haut.

Ensuite, il faut que tu saches que cette phase de la Marche diffère de celle qui l’a précédée, en ce sens qu’elle exige de toi, une plus grande discipline. Afin de mener cette Marche à son terme, tu te dois d’obéir et d’appliquer à la lettre les consignes de ceux qui sont chargés de ton encadrement. 

Cher peuple,

Enfin, ainsi que Nous te l’avions dit dans un précédent discours, si tu rencontres un Espagnol, civil ou militaire échange avec lui le salut et invite-le à partager ton repas sous ta tente.

Nous n’avons aucune inimitié à l’égard des Espagnols, ni ne ressentons de rancœur à leur endroit, car si nous avions voulu faire la guerre à l’Espagne, nous n’aurions pas envoyé des civils désarmés, mais plutôt une armée. Nos intentions ne sont nullement belliqueuses et nous répugnons à toute effusion de sang. Bien au contraire, notre Marche est pacifique.

Salue donc tout Espagnol que tu rencontrerais. Et si par mésaventure, il tire sur toi, poursuis ta Marche, armé de ta seule foi que rien ne saurait ébranler. Au terme de cette Marche, ta conscience n’en sera que plus tranquille.  Et s’il advient, Cher peuple, que des agresseurs, autres qu’Espagnols, attentent à ta Marche, sache que ta valeureuse armée est prête à te protéger et à te défendre.

Cher peuple,

Ce sont là les recommandations que Nous avons voulu t’adresser avant que tu n’entames ta Marche. Nous aurions voulu, Cher peuple, prendre la tête de cette Marche. Cependant, le devoir d’un Chef lui impose de rester à son poste de commandement pour veiller à l’exécution de ses ordres et demeurer en contact permanent avec les différentes parties du Royaume.

Sache, Cher peuple, que Nous sommes de tout cœur avec toi et que Notre communion ne sera que plus renforcée lorsque tu fouleras cette terre bénie.

Cher peuple,

Ce qui Nous réconforte et Nous réjouit à la fois, est que demain, lorsque ta Marche s’ébranlera, le drapeau marocain ne flottera pas seul. Il sera entouré, par la Grâce de Dieu, d’autres drapeaux appartenant à des pays frères arabes et africains dont l’histoire est prestigieuse.

Cher peuple,

Va, donc, de l’avant, par la Grâce et l’assistance de Dieu.

Que Dieu raffermisse tes pas et fasse en sorte que ta Marche soit celle de la victoire du peuple marocain et de nos frères sahraouis, qu’il nous tarde vivement de retrouver.

Louons Le Très-Haut de nous avoir guidés dans la voie du Salut, implorons- Le de perpétuer Ses Bienfaits et d’exaucer nos prières.

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